Le Monastier Pin Moriès

3 septembre 2016

Ayant récupéré mon fils aîné, à Clermont-Ferrand, en provenance de Lyon, nous voici arrivés dans l’après-midi au Monastier-Pin-Moriès, dans le département de la Lozère, ancienne commune française, puisqu’au 1er janvier 2016, elle a fusionné avec la commune de Chirac pour former une « commune nouvelle » du nom de Bourgs-sur-Colagne. D’ailleurs, l’histoire de ce village est une suite de fusions puisqu’en 1975, Le Monastier et Pin-Moriès s’étaient déjà mariés.

En effet, notre périple sur le chemin d’Urbain V débute au Monastier, pour des raisons pratiques : une ligne de bus nous ramènera au Monastier, ce qui est impossible si l’on part de Nasbinals, départ officiel du chemin d’Urbain V.

Quelques monuments attirent immédiatement notre attention : l’église Saint-Sauveur, construite à la fin du XIème siècle, la maison du Prieur situé à côté de l’église et qui sert de gîte communal, le Monument aux morts d’aspect original. Nous repérons le GR 670, celui du chemin que nous allons emprunter durant une semaine, avec son logo, enfin le pont qui enjambe la Colagne, et qui le lendemain sera notre point de départ de notre randonnée.

Peu avant l’arrivée de mon second fils en provenance de Brive, nous nous installons dans notre gîte, celui de Virginie Dastarac, possédant tout le confort. La propriétaire du gîte, aux petits soins pour ses « invités », nous offrira un magnifique repas du soir et un copieux petit déjeuner le lendemain matin : un gîte d’étape qui peut se louer à la semaine pour des vacanciers et que je conseille très fortement.

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Du Monastier à Mende

4 septembre 2016

Dès 7 heures 20, nous voilà partis, pont de la Colagne franchi. Notre regard est aussitôt attiré par une sorte d’aqueduc, en fait le viaduc de la Colagne, achevé en 2009 et qui relie la RN88 à l’A75. C’est impressionnant !

Un calvaire a tôt fait de nous croiser. En fait, on verra  beaucoup de signes religieux, nous sommes en pays de montagne ! Nous voilà aux Bories, avec son église au clocher lozérien.

Une chapelle sur notre gauche, celle de Sainte Thècle, martyre chrétienne du 1er siècle en Turquie. Des villageois entretiennent le site régulièrement, il nous semble.

Nous continuons vers Grèzes. On nous annonce un possible gué de la Jourdane. Mais on ne verra rien, il n’a pas plu depuis longtemps en Lozère. Le chemin grimpe sur une bonne longueur, le soleil commence à chauffer.

Enfin, nous arrivons à Grèzes, village très haut perché On y observe une église au petit clocher, les ruines d’un château, un abreuvoir, un four à pain, et de manière incroyable, un musée le long de la rue principale, ouvert à tous, sous une sorte de porche.

Et surtout, le « Truc de Grèzes », petite montagne au-dessus du village, semble nous observer. On ne l’escaladera pas, il fait trop chaud et la route est longue.

On devait passer par Cénaret, mais on s’est trompé de chemin. Sans doute par défaut d’attention de notre part, et par une trace du GR au mauvais endroit. Finalement, après avoir compris où nous étions, on évite Cénaret et on retrouve le chemin menant à Mende. Chemin très long, exténuant, à la dure montée, puis à la descente dans les cailloux.

Nous arrivons à l’hôtel à Mende, fourbus. Il faudra veiller à ne pas renouveler de telles étapes harassantes, sinon, on n’ira pas au bout de notre périple !

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De Mende à la Fage

5 septembre 2016

Après une assez bonne nuit, visitons le centre de Mende et sa cathédrale devant laquelle trône, majestueusement, Urbain V.
Quelques mots sur ce pape élu sans être ni cardinal, ni évêque, mais simple moine au monastère du Monastier, puis curé.
Né Guillaume Grimoard en 1310, à Grizac (nous y passerons dans quelques jours), il se trouve en Italie lorsque le collège des cardinaux l’élit en 1362. Proche du roi de France Jean II le bon (nous sommes en pleine guerre de cent ans), il réside en Avignon, tente de retourner à Rome, mais doit se résoudre à revenir en Provence. Il meurt en 1370. On dit de lui qu’il était humaniste, et proche des pauvres. Il est béatifié en 1870 par Pie IX. Un jardin, bien connu des festivaliers et malheureusement aujourd’hui simple lieu de passage, porte son nom derrière le Palais des papes en Avignon.

A Mende, on croise aussi un buste de Jean-Antoine Chaptal, chimiste et ministre.

Nous voilà à Lanuéjols, petite commune au-dessus de Mende. Il est 13 heures, le soleil cogne dur ! Nous nous retrouvons face à l’église, et nous entamons la rando du jour.
Après avoir traversé deux hameaux, nous entrons à Saint-Étienne du Valdonnez, par un joli et étonnant porche. Le clocher de l’église est plus traditionnel, le village est commerçant.

Nous entamons enfin la montée vers le hameau de la Fage, situé à 1212 m. Longue montée, on croise un berger, c’est tout. La végétation se fait plus rare. Nous sommes accueillis au gîte d’étape. Nous ne sommes que cinq randonneurs en tout. Le repas du soir, pris dans une grande salle sous le gîte, est particulièrement apprécié. La propriétaire nous raconte l’histoire de la cloche de tourmente qui résonnait les soirs de tempête de neige afin de permettre aux bergers de rejoindre le hameau, aujourd’hui classé. Elle nous parle aussi du car de ramassage scolaire qui monte au hameau pour ses deux seuls enfants, et des lauzes de schiste ou de calcaire qui recouvrent les toits du hameau. Il est temps d’aller dormir !

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De La Fage à Florac

6 septembre 2016

Au matin, après le petit déjeuner pris au gîte de la Fage, une surprise nous attend : un vent froid souffle fort, et nous oblige à mettre nos coupe-vent. Ce sera la seule fois de la semaine où nous le sortirons du sac.

Petite visite du hameau avant de descendre du plateau, notamment la cloche de tourmente.

Peu après, un joli arc-en-ciel envahit le ciel. Nous entrons alors dans le domaine des menhirs (Obélix a dû passer par là !). Au hameau des Combettes, nous obliquons à droite et nous nous retrouvons à nouveau seuls sur Urbain V, nos deux compagnons randonneurs rencontrés au gîte de la Fage passant sur le GR 68. Le chemin suit une forte pente descendante, et soudain, nous rencontrons deux visiteurs (cliquez, ils sont en photos).

Après voir traversé deux hameaux, pique-niqué au bord d’une petite route, continué à descendre, Ispagnac est enfin là. Nous en profitons pour nous désaltérer à la terrasse d’un bar, à l’ombre évidemment, le soleil frappe toujours autant, mais on s’y habitue.

Nous reprenons nos sacs et décidons d’aller voir le pont qui enjambe le Tarn entre Ispagnac et Quézac (Il paraît qu’il y a une pub à la télé vantant les mérites de l’eau minérale de Quézac). Étrange pont dont on nous dit qu’il fut construit à l’initiative d’Urbain V. Puis nous retournons à Ispagnac, où l’église surprend le visiteur par ses couleurs, et son architecture romane.

Le soir, à Florac où nous sommes hébergés au gîte de la Carline, nous visitons le centre ville, et découvrons (mais on nous l’avait dit), une plaque apposée sur l’église contant la vie d’Urbain V avec une erreur colossale, puisqu’il est écrit que Guillaume Grimoart fut élu pape après… sa mort !!!

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De Florac à Pont de Montvert

7 septembre 2016

Départ du hameau de Saliège, en bordure du chemin d’Urbain V. Nous sommes toujours seuls sur ce nouveau chemin de randonnée.

Bientôt, nous apercevons le village de Grizac, où domine au fond de la vallée, le château natal d’Urbain V. Je ne rencontrerai âme qui vive dans ce village où les maisons sont faites de pierres, couvertes de lauzes, où les ruines abondent (j’en ai même vu qui étaient à vendre !). Chacun est enterré dans sa maison, je suppose, à l’abri du soleil qui ne cesse de taper dur.

Je prends un chemin descendant, et me voici devant le château où en 1310 est né Guillaume Grimoard. Les portes sont fermées, j’apprends qu’une exposition est ouverte en juillet/août, l’après-midi. Le château est bien entretenu extérieurement, il est classé monument historique et est aujourd’hui la propriété d’un marquis.

Nous reprenons notre GR 670. A l'issue d'une longue descente en forêt, nous parvenons à une rivière franchie par un "pont élégant", c'est du moins comme cela qu'on l'appelle : à défaut d'élégance, il est original de par son tablier.

 Dans l’après-midi, nous croisons le chemin de Stevenson et abordons la descente vers Pont de Montvert où nous passerons la nuit dans un gîte, un peu à l’écart du village. Descente assez vertigineuse dans les rochers, dont on se dit qu’il faudra le lendemain matin effectuer la remontée. Le village offre du haut, un point de vue exceptionnel.

Le soir, dîner à l’auberge des Cévennes où la daube de sanglier agrémentée de coprin chevelu ramassé le jour par l’hôtelier, était un vrai régal. Le plateau de fromages n’avait rien à envier à ceux des restaurants étoilés.  Ajoutons un potage et un dessert, le tout pour pas cher. Je vous la conseille absolument si vous passez par là !

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Du Pont de Montvert au Col de Jalcreste

8 septembre 2016

De bon matin, nous reprenons notre randonnée avec au programme de la matinée, le remontée de Pont de Montvert, descendue la veille. Nous sommes sur Stevenson, nous rencontrons du monde : chacun va vers Florac d’où nous sommes venus la veille, mais par un tracé qui ignore Grizac. Dommage pour eux.

La température est encore fraîche, la montée est beaucoup plus facile qu’on pouvait l’imaginer, et presque plus rapide, au point que je suis tout étonné d’être déjà sur le plateau.

Comme il faut bien abandonner Stevenson, nous partons tous trois vers le signal du Ventalon, point culminant de notre randonnée, à 1350 mètres. Au détour d’un sentier, un hommage à un Alsacien, ami de la Lozère.

Le sentier est large, mais sableux, la poussière vole et la montée est longue. A midi, nous sommes au sommet, la vue est magnifique, de tous côtés. Il paraît qu’on aperçoit le Ventoux et la vallée du Rhône, mais c’est si loin… Le vent est assez fort. Nous redescendons un peu afin de trouver un endroit pour pique-niquer, à l’abri. Nous y resterons une heure. Pas un randonneur en vue, Urbain V est bien solitaire !

La descente reprend dans les cailloux, pente forte, attention aux glissades sous une chaleur accablante.  Nous éviterons la boucle vers Saint-Privat et coupons par le GR7 qui n’est plus balisé à cet endroit. Mais topo-guide et GPS sur portable ne nous permettent pas de nous égarer. Finalement, nous arrivons au col de Jalcreste où nous devons passer la nuit au gîte de Ventadou. Accueil très sympathique de la propriétaire, malgré un souci médical familial.

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Du col de Jalcreste à St Étienne Vallée Française

9 septembre 2016

Il faut bien repartir, il ne reste plus que deux étapes sur notre programme. Dès le départ, la pente est des plus rudes, mais le soleil ne chauffe pas encore, les jambes sont bonnes.

Après déjà une bonne marche, nous sommes aux Ayres, petit bourg, étape de transhumance, une place centrale et des arbres quasiment millénaires tant les troncs sont noueux et énormes. La halte pour la boisson et la barre de céréales est la bienvenue.

La descente continue dans un chemin pas très facile. Enfin, nous arrivons sur la D 984. Nous apercevons au loin St Germain de Calberte, et dans le vallon, le château Saint-Pierre. Question : va-t-on poursuivre la route ou couper par un chemin caillouteux qui descend dans le vallon, puis qui remonte ? On opte pour le chemin. Le pont est tout à fait curieux.

A St Germain de Calberte, nous retrouvons la civilisation, à savoir les randonneurs sur Stevenson. On trouve un bar, la boisson fraîche fait du bien. Nous passons près de l’église et pouvons admirer une statue en bronze, « l’homme cévenol ».

La journée n’est pas finie, il nous reste à rejoindre le mas de Stevenson, gîte pour la nuit, au hameau de Lébou, près de St-Étienne Vallée Française. GPS à l’appui, le voilà. Le propriétaire et son épouse nous accueillent avec une grande gentillesse. Une fontaine dans la cour me permet d’y plonger les pieds, cela fait un bien fou. Au cours du repas pris en commun, il nous parle de son métier d’apiculteur, il cultive le safran et d’excellentes tomates qu’il nous sert en entrée. Plus qu’une journée !

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Vers Saint Jean du Gard

10 septembre 2016

C’est le dernier jour. Depuis deux journées, nous sommes sans réseau mobile, les zones blanches sont encore nombreuses.

La traversée de St-Étienne Vallée Française  se fait à la fraîcheur. Un château domine la ville.

Au programme, la montée vers le col St-Pierre. Montée relativement forte, et très longue. Je prends mon temps et monte à mon rythme. Mon fils aîné se fait une joie de la faire à toute allure, il remonte tous les amis de Stevenson partis avant nous et se repose depuis un bon moment en haut du col quand j’y parviens enfin.

Il reste la descente, assez technique. On découvre des cultures en terrasses. Puis nous débouchons sur une petite route goudronnée et très pentue, les chevilles n’aiment pas trop. On pique-nique sur un chemin étroit, à l’ombre. Enfin, la très (trop) longue piste le long de la Nationale vers St Jean du Gard est un passage pénible, les voitures nous frôlent parfois. Les ponts sur le Gard défilent.

A l’entrée de la ville, une fanfare nous accueille. Nous prenons une boisson bien fraîche devant la tour-horloge. Il nous reste à rejoindre notre hôtel à Anduze. Dans le Gard, manifestement, les taxis se font rares, les cars aussi.

Le lendemain, il faudra revenir au Monastier pour reprendre les voitures et rentrer à la maison, chacun dans sa direction.

Ce fut une semaine formidable, où nous avons croisé des paysages superbes et des gens accueillants dans les gîtes.

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